Saint-Lizier
Cathédrale
La fondation de la cité gallo-romaine des Consoranni remonterait à 72 avant Jésus-Christ. Ceinturée de remparts au V* siècle, elle devient le siège d’un important évêché, puis après une époque troublée, connait un renouveau a l’époque romane: les deux cathédrales sont alors reconstruites. La véritable, Notre-Dame de la Sède, dont le nom indique qu’elle était le siège de l’évêque, se situe dans l’enceinte du palais épiscopal, mais l’église du faubourg, avec son cloître, est également appelée « cathédrale ». Le chœur de cette dernière a été construit en
deux étapes : les murs de l’abside, a base de remplois gallo-romains, puis la voûte en cul de four. Ainsi. la fresque du Christ trônant sur la voûte date-t-elle de la fin du XIII* siècle, alors que les remarquables peintures en dessous, réparties sur deux registres, sont romanes et parmi les plus anciennes des Pyrénées (fin du XI* siècle).
Dans le registre inférieur, de gauche à droite, les Mages sont représentés devant Hérode puis devant la Vierge à l’Enfant. Suivent les scènes de l’Annonciation, de la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth enceinte de saint Jean-Baptiste, et enfin du Bain de l’Enfant Jésus. Les figures hiératiques des apôtres occupent tout le registre supérieur. Ces fresques sont attribuées au « maître de Predet ››, par référence à une église romane de Catalogne ou ses peintures ont été étudiées pour la première fois. Cet artiste et son atelier ont travaillé sur plusieurs sites catalans entre la fin du XI* et le début du XII* siècles, et Saint-Lizier est probablement l’un de leurs premiers chantiers. Le style est marqué par l’influence de l’art byzantin transitant par l’Italie du nord 1 nez allongés reliés aux arcades sourcilières, vêtements aux plissés géométriques, quasi absence de décor autour des figures. Cette influence est commune à tous les artistes catalans, conséquence des rapports étroits entre la Catalogne et l’Italie du nord au XI* siècle. L’absidiole nord conserve encore une fresque romane représentant la Jérusalem céleste, sujet très rare à cette époque.
Le clocher de brique, ébauché à l’époque romane, a été achevé au XIV* siècle dans le style du gothique méridional, aux ouvertures caractéristiques en forme de mitre d’évêque.
Unique en Ariège, le cloître roman possède encore ses quatre galeries complètes, ainsi que l’étage orné de fresques venu les surmonter au XIV* siècle. Les chapiteaux de la galerie nord et certains de la galerie est ont été exécutés en premier (1160-1180), et témoignent d’une facture raffinée. Les sculpteurs des chapiteaux des galeries sud et ouest ont voulu s’inscrire dans la continuité, mais n’ont pas fait preuve d’un talent égal. L’originalité du cloître tient surtout à ses scènes figurées : curieusement, on trouve très peu de scènes bibliques mais
plutôt des scènes à la signification symbolique, voire énigmatique.