Luzenac-de-Moulis
Église Notre-Dame de l’Assomption
Moulis possède un ensemble d’églises du début du XIIème siècle à l’évidente parenté de style. Le dépouillement extrême de leur architecture romane, leur construction solide, digne dune fortification, trahissent la préoccupation sécuritaire de leurs bâtisseurs : en zone de plaine, ces lieux de culte pouvaient également servir d’abri à la population en cas d’attaque. Saint-Jacques d’Aubert, située sur le chemin jacquaire du Piémont pyrénéen, est sans doute la plus ancienne de ce petit groupe. L’église Saint-Jean-Baptiste du Pouech a conservé de l’époque romane un bel appareil régulier de petites pierres de calcaire, visible au chevet. Fortifiée et dotée d’un monumental clocher-arcades à la fin du Moyen-Age, elle a également été agrandie et remaniée au XVIIIème siècle : la façade et le portail datent de cette époque.
L’allure empreinte d’irrégularité de l’église Notre-Dame-de-l’Assomptíon de Luzenac fait tout son charme. Le petit clocher-tour à douze pans coupés confère une partie de son originalité à l’édifice, dans un pays ou domine le clocher-mur. Il est percé de baies géminées (fenêtres identiques séparées par une colonnette) et couronné d’un toit conique couvert de pierres. De l’extérieur, seule l’abside dans sa partie inférieure et les simples consoles soutenant la corniche datent de l’époque romane. L’austérité de cette abside, en maçonnerie de petits moellons irréguliers, la rattache au premier âge roman.
Des agrandissements sont effectués au fur et à mesure que se développent et s’enrichissent de nombreuses confréries religieuses, établies dans l’église dés la fin du Moyen Age. Au XVème siècle, la nef est dotée de deux bas-côtés, plaçant ainsi les piliers romans extérieurs à l’intérieur de l’édifice. Au XVIIe siècle, le bâtiment est prolongé vers l’ouest, et une nouvelle façade est réalisée dans le style du baroque espagnol (boules en faîtage, fronton couronné de volutes…). Les murs, surélevés, cachent la base du clocher. l’édifice roman est pris dans une gangue du XVème et XVIIème siècles, enveloppant toutes ses surfaces. Le portail roman a été démonté pour être intégré avec peu de soin à la nouvelle façade baroque : les colonnes ont été décalées par rapport à leurs socles ! Les chapiteaux et les bases sont sculptés de façon assez sommaire de masques humains, d’entrelacs et de palmettes.
L’intérieur de l’édifice est orné d’un opulent décor du XVIIIème siècle. Le retable de la chapelle latérale nord, classé Monument Historique, a pour tableau central une pietà : la gestuelle expressive de la Vierge, bras ouverts, paumes de mains et regard tournés vers les cieux, est caractéristique du style baroque.