Couflens
Église Notre-Dame de Salau

Surplombant le cours tumultueux du Salat, l’église de Salau frappe par la simplicité et la pureté de son architecture romane. En 1982 cependant, une crue a emporté le chevet et la nef, les parties les plus anciennes (XIème siècle) de l’édifice. Depuis, le site a été consolidé pour le mettre à l’abri de nouvelles inondations, et les parties détruites ont été reconstituées à l’identique, grâce à un chantier remarquable employant les techniques de construction médiévales.
Dernier village avant le passage du Port de Salau, voie de circulation très fréquentée au Moyen-Âge et aux siècles suivants, c’est tout naturellement que les Hospitaliers de Saínt-]ean de Jérusalem fondent à Salau en 1191 une commanderie, avec un hospice d’accueil des pèlerins. En effet, cet ordre militaire (appelé ordre de Malte à partir du XVIème siècle) créé en 1099 et qui se répand rapidement dans tout l’Occident, a pour mission première la charité, et édifie, notamment au bas des cols pyrénéens les plus fréquentés, des hospices et chapelles.
Au début du XIIIème siècle, les Hospitaliers agrandissent l’église en y ajoutant un clocher-mur et un narthex plus haut que la nef, percé de deux portes afin d’assurer la communication entre l’église et le logis des Hospitaliers, situé à l’arrière du cimetière actuel. L’hospice lui-même – une auberge ouverte aux pèlerins en quelque sorte – était installé sur l’autre rive ; il fut emporté par la crue de 1937.
Comme l’ensemble de la construction, le portail de la chapelle est empreint de simplicité : son seul ornement est la pierre de taille employée pour réaliser les voussures, c’est-à-dire les arcs emboîtés qui surmontent la porte. Un beau chrisme le couronne : retrouvé par miracle dans le Salat après la crue, il s’agit de la seule pierre d’origine pour ces parties reconstituées !

Le clocher-mur possède une décoration sculptée sur le côté donnant sur la vallée: on distingue notamment un masque, motif récurrent dans l’ornementation romane du Couserans. La sculpture des chapiteaux permet une datation aux alentours de 1200. Enfin, une petite baie géminée (deux fenêtres identiques séparées par une colonnette de marbre) orne le narthex et permet l’éclairage de la tribune.

Une rare statue de pèlerin, couvert d’un voile de voyage enserrant le menton et portant aumônière au côté et le chapeau dans le dos, a été retrouvée au XXème siècle, enterrée sous l’église. En bois sculpté, datée du XVème siècle, elle symbolise le rôle de refuge hospitalier de cet édifice.
L’histoire de Notre-Dame de Salau et des Hospitaliers est retracée dans une excellente exposition permanente.